Dakhla

Publié le par minervois



Mardi 8 mai.

Après une nuit assez reposante, nous nous levons vers 9 h1/2 et là, miracle, le vent s’est calmé. Le ciel n’est pas encore dégagé de son voile poussiéreux mais vers 11 heures, on se décide à aller se promener sur l’immense plage de sable à marée basse. On y trouve de beaux coquillages fins et on y voit pour la première fois une multitude de crabes violets qui ont une pince hyper développée et l’autre minuscule Ce sont des crabes-violonistes.


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       Ils s’ensablent dans des trous dont l’orifice est bien visible et n’en sortent qu’à marée montante. On aperçoit au loin un pêcheur dont on s’approche. Muni de palmes, d’une grosse chambre à air et d’un filet, il rapporte de grosses soles qu’il nous propose à 40 dirhams le kg. Nous n’avons pas pris d’argent mais il nous donne deux beaux poissons que nous lui paierons demain, inch’ Allah, avec d’autres qu’il rapportera au même endroit.

       Entre-temps, le vent s’est à nouveau levé et se met à forcir. Il est chaud cette fois.   L’accalmie ne faisait qu’annoncer un changement de direction. Hier du nord-ouest, il souffle maintenant de l’est, du désert donc et il va bientôt devenir suffocant. Nous rentrons au camping-car pour aller visiter Dakhla. Contrôle de police rapide et nous nous dirigeons vers… le port en traversant des quartiers très misérables : des habitations de fortune entassées ou plutôt emmêlées, surmontées d’innombrables antennes et paraboles, et entourées de murets.


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Les quartiers misérables de Dakhla


     Les nombreux enfants qui en sortent réclament de l’argent. Nous prenons la direction du centre ville où il est possible de faire ses courses tranquillement ; une dame me demande à manger. Je lui achète un pain qu’elle exige emballé dans un sac en plastique. Décidément, la ville nous semble la plus pauvre que nous ayons vue, à moins que…


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Dans la périphérie de Dakhla

 

 

          En recherchant un hôtel mentionné par tous les guides mais qui est en travaux, nous nous trouvons à longer le front de mer côté lagune et là, changement complet de décor. De vastes avenues bordées de palmiers, encadrées par des immeubles modernes, des établissements publics de luxe, des restaurants chics. C’est « la promenade des Anglais » locale. Je vais consulter les menus de deux restaurants voisins, le « Bahia » et « Casa Luis ». Heureuse surprise : la langouste y est servie à 250 dirhams (à peine 23 euros) le kg. J’en réserve un kg et deux entrées pour le soir même.

 

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Pour le moment, il est 14 heures, il fait très chaud et nous stationnons pour déjeuner sur un grand parking entre deux majestueux bâtiments de l’armée, l’un accueillant les officiers et leurs familles, grand apparat et voitures lustrées près de l’entrée, avec plage privée, terrains de sport, deux piscines et tout à l’avenant. De l’autre sort un militaire, apparemment de faction qui s’approche de moi et nous engageons une banale conversation. Mais j’ai l’esprit orienté… et lui demande incidemment :

  • Est-ce qu’on trouve de la langouste à acheter au souk ?

  • Si tu y vas, tu n’en verras pas aux étals, il faut connaître. On en trouve de contrebande. Pourquoi, tu en veux ?

  • Ca dépend du prix.

  • Combien tu veux mettre ?

  • Cent dirhams le Kg

  • Ca doit être plus cher, mais si tu veux je vais au marché pour toi et je me renseigne. Rendez-vous ce soir à 18 heures, ici.

  • Wakha , d’accord.


Après notre repas et l’après-midi passé près de la plage côté océan où il fait plus frais, retour au parking.

 

D.jpgAu "frais" très relatif, côté océan

 


Notre militaire ne tarde pas à s’approcher.

  • Je me suis renseigné, je peux en avoir à 150 dirhams le kg, deux belles pièces pour 1,800 kg.

  • Elles sont vivantes ?

  • Bien sûr.

  • Alors tu peux m’en prendre plus, si tu en trouves 3 ou 4 pièces.

  • D’accord ; je vais au souk, donne-moi 10 dirhams pour le taxi, car je ne peux pas monter en uniforme dans ton véhicule.

  • Wakha.

  • A tout à l’heure !

 

       Une demi-heure plus tard, il est de retour. Il ne rapporte rien mais me propose 3 langoustes pour un poids total de 2,8 kg et 420 dirhams (moins de 40 euros). Mais il veut que je lui avance l’argent ; je crains l’arnaque. Il fait mine de se fâcher.

  • Comment, tu n’as pas confiance ?

  • Si, mais je veux voir la marchandise avant d’acheter.

  • D’accord.

Nouveau départ en taxi et retour ¾ d’heure plus tard. Le temps nous a paru long. Il sort de la voiture avec un grand sac noir d’où sortent de grosses antennes et me remet 3 belles langoustes bien frétillantes. La plus grosse donne de gros coups de queue. J’emmène la marchandise au camping-car et vais chercher l’argent.

 

langoustes-vivantes2--1-.jpgTu me mettras aussi des bières dans un sac noir ajoute-t-il.

  • Je reviens avec 420 dirhams et 2 bières. Il me dit que c’est 427,5 dirhams. Bizarre, j’avais bien calculé et maintiens le prix convenu.
  • D’ accord conclut-il en me serrant une vigoureuse poignée de mains et en ajoutant

qu’il sera là encore vendredi prochain, si je veux le voir…


 

Nos langoustes vivantes

 

 

 

 

       Nous sommes enchantés de nos langoustes, d’autant plus que celles du restaurant, une grosse et une petite pour un poids total de 1100 g seront succulentes, grillées à point, avec un peu de citron et une bouteille de Guerrouane blanc que nous avons apportée car le restau ne sert pas d’alcool. Mais comme un peu partout au Maroc, il suffit de le demander pour être autorisé à apporter sa bouteille qu’en l’occurrence le barman nous transvase dans un pichet en grès. Il ne reste plus qu’à aller chercher nos glaçons dans le camping-car et à déguster… Nous voilà totalement réconciliés avec Dakhla. Demain, re-langouste que nous essaierons dans le restaurant voisin afin de comparer.


 

 

Mercredi 9 mai

Nous avons à nouveau passé la nuit sur le parking à 26 km de la ville. Au réveil, nous avons déjà chaud et sommes envahis de mouches, les poubelles étant archi-pleines et jamais vidées. Nous allons ensuite à la rencontre de notre pêcheur de soles qui nous emmène vers son frère lequel nous propose 7 belles soles pour 50 dirhams. Nous ajoutons 20 dirhams pour le cadeau de la veille. Comme nous avons ramassé des petits coquillages sur la plage, les deux frères nous en proposent de gros, en échange… de vin ou de whisky.

Rendez-vous est pris à la borne du km 24 où au milieu de rien, nous troquons un sac de coquillages contre une bouteille de vin.

Mais notre projet de la journée est ancré depuis la veille : un désir un peu puéril mais symbolique, celui de se rendre précisément sur la ligne du tropique située à environ 80 km de là. Malgré le fort vent d’est, très chaud et soulevant des nuages de sable, nous voilà partis rejoindre l’embranchement de la route qui mène plein sud vers la Mauritanie. Notre Gps nous donne notre position exacte et lorsqu’il indique 22° 27 précisément, je freine… Je l’ai dépassé de quelques mètres. Une marche arrière et nous voici pile sur la ligne… matérialisée par un amas de pierres de chaque côté de la route et quelques mètres de pierres blanches alignées. Pendant le quart d’heure que nous passons à nous rafraîchir et à prendre des photos, 2 ou 3 camions passent à vive allure se demandant sûrement ce que font en plein désert ces deux énergumènes avec des écriteaux sur le ventre !

 

Le-tropique--2-.jpgSur le Tropique exactement.

 

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Sur le tropique, il vaut mieux ne pas s'éloigner de la route

 

 

          Sur le chemin du retour, 5 km avant l’embranchement vers la presqu’île, un brusque bruit de tôle claque sur le côté droit du camping-car. Arrêt immédiat. C’est le capot protecteur du store, déjà endommagé qui n’a pas résisté aux rafales de vent et qui s’est brutalement relevé et froissé. Impossible de le remettre en place tant il est tordu. Il faut d’abord le déposer, opération délicate avec ce vent et sans autre moyen de le manipuler qu’en montant sur des fauteuils. Je crains qu’en m’aidant Gaby ne le reçoive sur la tête.

 

 

       Finalement, on arrive à le faire tomber sur le sable sans dommage supplémentaire. Ensuite, soit on le laisse sur place, soit, pour le récupérer, il faut démonter les deux pièces qui le constituent. Je démonte. Il faut alors le faire glisser par la vitre avant pour le placer dans le couloir du camping-car, et les pièces qui mesurent 4 mètres de long passent juste. L’opération aura duré environ ¾ d’heure après quoi je déguste deux sandwiches aux sardines et Gaby une pâtisserie.

 

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Notre volet de store en piteux état

 

 

     Nous retournons nous mettre au frais tout relatif de la côte atlantique (le réfrigérateur qui tourne en permanence au gaz affiche 20°) et attendons la soirée pour nous remettre de nos émotions devant un kilo de langoustes, 5 pièces de 200 g chacune, dégustées cette fois au restaurant Bahia. Elles sont excellentes bien que légèrement trop cuites ; s’il y a une prochaine fois, nous opterons pour « Casa Luis ».

Nous décidons de passer la nuit loin des mouches, au camping situé à 6 km à la sortie de la ville. Electricité fournie par un groupe électrogène trois heures par jour, jusqu’à 22 heures, eau prétendue potable et situation abritée du vent. On se demande, vue la proximité de la route où circulent des camions toute la nuit, si on va dormir correctement.

 

Suite





 

   
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G
Bonjour<br /> Vous ne serez pas étonné si je vous dit que je suis contre le fait de distribuer des bières et de l'alcool à des musulmans en toutes occasions...<br /> De bien mauvaises habitudes à donner...<br /> Cela m'étonne de vous.<br /> Le DPM de base
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N
<br /> Je voyage avec vous et ai beaucoup de plaisir à voir et revoir ces paysages! Au niveau du tropique, il faut aller vers la mer il y a une tour espagnole qui indique la ligne! en allant sur la plage<br /> on trouvait des dents de requins fossiles mais J Gandini dit qu'il n'y en a plus, dommage! Nicole<br /> <br /> <br />
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