El Jadida-Ifrane

Publié le par minervois


Jeudi 24 mai 2007


       D’El Jadida à Casablanca, nous prenons d’abord la route intérieure très bien entretenue mais l’allure est ralentie par de nombreux camions qui roulent lentement. Nous décidons de terminer par la route côtière où la circulation est fluide. Nous découvrons la banlieue pauvre de Casa où les habitats précaires sont entassés pêle-mêle et surmontés d’innombrables antennes et paraboles inclinées en tous sens. Arrivés en pleine ville, nous naviguons à l’estime mais c’est si vaste que nous devons demander notre chemin.

 

 

     Heureusement nous sommes bien renseignés et regagnons le périphérique en direction de Rabat. Circulation dense et longue traversée des quartiers périphériques. Nous abandonnons l’autoroute avant le péage et traversons assez facilement Mohammedia, station balnéaire très touristique où les européens ont investi dans de splendides villas qui longent le front de mer. On construit encore soit des résidences privées, soit des hôtels et autres complexes immobiliers pour attirer une clientèle aisée.

Il est presque 15 heures lorsque nous nous arrêtons pour manger face à une grande plage à l’embouchure d’un cours d’eau à moins de 30 Km de Rabat. Arrivés dans la capitale une heure ½ plus tard, nous constatons que les gigantesques travaux d’aménagement de la zone portuaire ont bien avancé et qu’il est toujours difficile de stationner aux abords des remparts. Nous contournons la médina et avons la chance de trouver une place de parking gardé près de Bab Chella. De là, nous accédons directement au souk pour acheter les derniers cadeaux introuvables ailleurs avec en prime deux théières neuves.

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Rabat vue de Salé ; l'embouchure ou se construit le nouveau complexe portuaire


 

         Nous pensons un moment poursuivre jusqu’à Kenitra mais nous décidons de passer la nuit à Salé malgré les difficultés de circulation et le délabrement du camping qui doit disparaître prochainement. Nous ne manquons pas une petite promenade dans les souks de Salé toujours aussi authentiques et animés, achetant au passage non pas des poissons car il n’en reste plus, mais de petites pâtisseries succulentes.

 

 

Vendredi 25 mai

          Le bruit des pelleteuses, des camions, des blocs de rochers qui tombent dans les bennes ne permettent pas de faire une grasse matinée tranquille au camping de Salé, tout juste bon à passer une nuit d’étape. Nous en repartons avant 11 heures.

A peine 3 heures plus tard, nous sommes à Ifrane et là c’est simple : vous faites lentement le tour de la place centrale qui est en travaux, vous vous arrêtez faire une course à l’épicerie et vous êtes abordé par un jeune homme qui vous propose des écrevisses. Vous répondez que vous en voulez effectivement, mais pêchées par votre ami Ali qui doit se trouver dans les parages. Effectivement, il mange le couscous chez son frère à quelques pas et on va le chercher. Trois minutes plus tard, voici Ali qui se précipite : embrassades comme des amis d’enfance. Et comment va la gazelle, et la famille, la santé ? Tout va bien Inch’Allah.

 

Ali-et-Gaby.jpg

       Ali monte à l’avant et me guide vers l’espace de verdure proche des ruisseaux que nous avions déjà apprécié il y a deux ans. Nous installons table et chaises au soleil, prenons deux apéros et nous régalons d’une salade composée et de soles meunière tandis qu’Ali déjà repu de couscous accepte volontiers saucisson et pâté arrosés au rouge. Nous établissons le programme gastronomique des jours à venir : demain, une centaine d’écrevisses en partie grillées, en partie au court-bouillon et un dernier tiers flambé au Pastis, dimanche couscous préparé par la famille et lundi quelques dizaines d’écrevisses pour finir en beauté nos retrouvailles.

 

 

             Une petite promenade digestive nous emmène à travers les prairies et ruisseaux vers des grottes qui ont parait-il servi d’habitations… on ne sait quand. Nous allons ensuite au camping d’Azrou après avoir déposé Ali au centre ville emportant en cadeau une paire de chaussures, une bouteille de vin et 70 dirhams d’avance pour les écrevisses.

 

Ali-gros-plan--2-.jpgAli dans une grotte

 

 

Samedi 26 mai

         Décidément, il ne faut rien prévoir à Ifrane, surtout avec Ali. Pendant la nuit, il s’est mis à pleuvoir et l’orage persiste toute la matinée. Froid, tonnerre, éclairs. Pas question d’aller pique-niquer au bord des sources. Vers 13 heures, une accalmie nous encourage à sortir du camping et aller voir si par hasard Ali ne nous attendrait pas malgré le mauvais temps. Effectivement, on le trouve à la place centrale, un sac d’écrevisses à la main. Il n’a pu en pêcher qu’une vingtaine mais nous allons les manger au court-bouillon puisqu’il est impossible de faire du feu de bois.


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Une belle écrevisse comme Ali en pêche des centaines


          Nous nous installons près d’un petit pont pas très loin de chez Ali, là où l’année dernière nous avions mangé le couscous ensemble. Pendant que nous dégustons nos écrevisses arrosées de vin blanc, Ali ne veut entendre parler que de saucisson, pâté et pastis.


          On ne sait exactement combien il s’en sert, mais à la fin du repas lorsqu’il part se changer et nous préparer un thé chez lui, il ne marche plus bien droit. Nous buvons nos thés à la menthe, Ali préfère un café. Nous décidons de rentrer au camping en nous donnant rendez-vous le lendemain à midi au même endroit pour le couscous. Ali réclame une nouvelle avance pour les écrevisses de lundi et insiste pour que nous lui donnions une bouteille nous refusons. En descendant du camping-car, il tombe sur le trottoir, heureusement sans se faire mal. Nous essaierons de le surveiller davantage demain.

 

 

Dimanche 27 mai

          Nous arrivons vers midi et demie près du petit pont et pas d’Ali. Une heure et demie d’attente, il n’est toujours pas là. Soit il n’a pas pu avoir le couscous et il se défile, soit il lui est arrivé un ennui dans la nuit. Nous décidons d’aller pique-niquer au cèdre Gouraud près d’Azrou, mais un peu inquiets, nous passons par la place centrale d’Ifrane pour essayer d’avoir des nouvelles. Un jeune glandouilleur-braconnier qui se trouve là me dit qu’Ali n’est pas loin, qu’il va le chercher. Cinq minutes plus tard, il revient, disant « Ali vous a attendu ici depuis midi mais maintenant il est parti aux sources Vittel », juste d’où l’on vient.

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La clairière du cèdre Gouraud et ses singes Magots


       On aurait dû se croiser. Nous retournons vers les sources et nous ne le voyons pas. Nous sommes persuadés qu’il cherche à nous éviter.

 

 

      En arrivant au camping vers 18 heures, surprise : Ali nous attend à l’entrée. Il est venu en taxi vers 15 heures Il nous explique qu’il a attendu au centre ville jusqu’à 14 heures puis est descendu par des chemins pour voir si nous étions aux sources. C’est tout à fait plausible, mais je lui montre mon mécontentement en rappelant qu’il avait oublié le lieu de rendez-vous parce qu’il avait trop bu. Il veut que nous mangions le couscous le soir, je refuse catégoriquement et en le ramenant à Ifrane lui propose de le revoir demain midi « aux sources » (on le lui fait répéter) avec les écrevisses promises et surtout qu’il ne boive pas d’ici là. Nous ne mangerons pas avec lui, prétextant que des amis nous attendent à Meknès. Il accepte le tout et pour la première fois ne nous réclame rien.

 

 

Lundi 28 mai

      A midi, Ali nous attend déjà avec ses sacs d’écrevisses qu’il a pêchées pendant la nuit. Nous allons les nettoyer dans un petit cours d’eau après avoir stationné en bordure de la route. Pendant que Gaby ébouillante les écrevisses, je sers un dernier Pastis à Ali puis un deuxième « pour la route » en trinquant à l’eau pétillante.

Ecrevisses et Ali (1)

 Pêche des écrevisses "au vif"

     Pendant que nous sommes attablés et qu’Ali se montre charmant, une voiture s’arrête sur la chaussée à notre niveau, deux hommes en costume strict à son bord. « C’est le commissaire de police, dit Ali, il veut te parler. » Je descends et me penche à la portière. Le passager, très courtois me pose une foule de questions ; « Vous êtes Français, de quelle région, vous voyagez seul, vous êtes depuis quand à Ifrane, connaissez-vous ce monsieur qui est avec vous, il vous sert de guide, vous n’avez pas d’ennuis avec lui ? » Je donne les réponses attendues et il me salue en me souhaitant un bon séjour. Lorsque la voiture a redémarré, Ali commente « Tu vois, ils font attention à la sécurité ! des touristes ». Je crois plutôt qu’ils connaissent les activités douteuses d’Ali et qu’ils le surveillent.

 


Il est temps de se quitter, nous payons le reste des écrevisses, donnons la bouteille de Whisky prévue et tant attendue ainsi que le reste de pâté et de saucisson. Ali est content et en bonne forme, l’année prochaine Inch’Allah, il me donnera la djellaba et des babouches. Nous lui enverrons des photos.

 

 

 











  




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